L’Office de Tourisme aime partir à la rencontre des personnes qui font vivre le territoire. Le Civraisien en Poitou est vivant et pluriel grâce à l’implication de nombreuses personnalités. Pour cette série d’interviews, nous avons sélectionné des hommes et des femmes dont l’action, qu’elle soit professionnelle ou bénévole, est essentielle. Ils participent activement, chacun à sa façon, au dynamisme local.

Pour cette 2ème interview nous partons à la rencontre d’une céramiste, récemment installée à Genouillé.

Bonjour Sylvie, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Sylvie Depré, je fais de la céramique depuis 5 ans et je suis céramiste à temps plein depuis 1 an.

Que faisiez-vous avant d’être céramiste et pourquoi ce changement de carrière ?

A l’origine, je suis décoratrice d’intérieur, métier que j’ai exercé pendant 20 ans. J’ai beaucoup travaillé comme gérante dans des boutiques de décoration haut de gamme. 
Depuis 30 ans je me disais qu’un jour je ferai de la céramique… quand j’aurai du temps.
Et le temps ne venant pas, je me suis offert ce temps ! J’ai suivi un week-end d’initiation. J’ai tellement accroché qu’à l’issue de ce week-end, je savais que je deviendrai céramiste ! J’ai gardé ce projet pour moi, je me suis outillé et j’ai commencé à faire beaucoup de céramique et j’ai vite progressé en autodidacte.

Qu’est-ce qui vous anime, qu’est-ce qu’il vous plaît autant dans la céramique ?

C’est vraiment une rencontre. J’ai toujours aimé les activités artistiques, j’ai fait de la peinture, de la couture, plein de choses créatives, que j’apprécie, puis au bout d’un moment je m’en lasse. La céramique je ne m’en lasse jamais ! Si je pars en vacances 10 jours, je me languis de remettre les mains dans la terre. Quand j’ai les mains dans la terre, j’ai l’impression que ça m’ancre, ça me pose.


Quels sont les pré-requis pour devenir céramiste ?

A mon sens : aucun ! Il y a mille sortes de céramique. Moi j’aime bien travailler des formes fermées, travailler fin, ce qui demande une certaine dextérité et une motricité fine, mais d’autres vont travailler plus épais et c’est très bien. Il y a autant de céramiques que de céramistes.
On pense souvent qu’il faut être très patient, ce n’est pas du tout mon cas, mais par contre ça m’apprend la patience. 

Vous proposez des ateliers d’initiation, en quoi la transmission de votre savoir-faire est-il important pour vous ?

Ce qui est vraiment chouette, c’est de voir des personnes qui pensent n’être pas douées, arriver à un résultat. Il suffit de s’adapter aux gens, c’est pour ça que j’aime donner des cours à une ou deux personnes maximum, pour être vraiment à côté d’eux et les accompagner. J’ai mis au point une pédagogie étape par étape adaptée à tous et qui permet d’acquérir une technique de base assez rapidement. L’atelier c’est un partage de techniques, pas un cours au sens strict du terme.


Vous avez quitté Bruxelles pour Genouillé depuis un an, pourquoi ce choix de Genouillé ?

C’est le meilleur endroit de France ! Je voulais de la campagne, je voulais être au vert.
Nous avions des critères de climat et de distance avec Bruxelles, ce qui a dessiné une bande centrale de la France. Nous avons sillonné cette zone en camping-car à deux reprises, visité des maisons, et je suis tombée amoureuse de la vue que j’ai depuis mon atelier ! Quand on est citadin, une vue comme celle-ci, c’est précieux !

Concrètement comment fait-on de la céramique ?

Je travaille le grès. Je tourne la pièce pour lui donner sa forme. La pièce va sécher environ une semaine, en fonction de la météo. Une fois qu’elle est sèche, je vais la cuire au four électrique à 950° degrés pendant 12 heures. La pièce qui va en ressortir s’appelle le “biscuit”. Je vais ensuite préparer l’émail à partir de matières premières, des poudres de minéraux et oxydes de métaux, en en recouvrir ce “biscuit”. Vient ensuite la deuxième cuisson, environ 20 heures à 1240 degrés. Deux jours plus tard, les pièces ont refroidi et je peux efin oouvrir le four et découvrir mes créations.
Je pratique également le “Raku”. Les premières étapes sont les mêmes, mais après avoir émaillé le biscuit, la seconde cuisson va se faire dans un four à gaz. Je vais faire cuire très rapidement les pièces, en montant le four à 1000 degrés en 1h30. A cette température, je l’ouvre, sort les pièces incandescantes avec des pinces. L’émail va se craqueler sous le choc thermique. Je mets alors les pièces encore brûlantes dans une malle en métal remplie de copeaux de bois. Sous l’effet de la chaleur des pièces, les copeaux s’enflamment. Je ferme la malle et l’enfumage va noircir toutes les petites fissures et les zones non émaillées. Après quelques minutes, je les refroidies en les plongeant dans l’eau. C’est ainsi qu’on obtient des pièces raku.

Est-ce que vous avez d’autres projets ?

Nous avons l’idée d’un gîte où l’on pourrait proposer des séjours avec des activités autour de la céramique et de la musique qui est la passion de mon conjoint.

Vous vivez ici depuis seulement un an, mais pour vous si le Civraisien en Poitou était une carte postale, ce serait quoi ?

Au regard du chaleureux accueil qui nous a été réservé à notre arrivée, je dirai une joyeuse bande qui fait la fête sur fond de nature.

Le ressenti de l’équipe de l’OT

Sylvie est solaire ! Sa passion pour la céramique est contagieuse. Tout en maîtrisant son sujet, elle nous en parle avec simplicité et pédagogie. On ressort de cet échange en ayant envie de mettre les mains dans la terre ! Et son enthousiasme pour ce hameau de La Trafigère qui a abrité 15 potiers autrefois, n’y est certainement pas pour rien !



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